Balance Christoph & Wolfgang Lauenstein / 1989

Cette critique spoile le film de A à Z. Celui-ci ne faisant que sept minutes, je ne peux que vous conseiller de le voir avant de lire ce texte…

 

Balance est le pur archétype de ces courts-métrages d’animation qui envahissent les festivals – ces petits films-fable, à narration minimaliste et muette, qui descendent probablement du cinéma animé d’Europe de l’est (avec La Main, de Trnka, pour patient zéro). Une forme devenue certes conventionnelle, mais qui trouve ici son empereur.

Ce qui impressionne dans les sept petites minutes de Balance, outre son indéniable maîtrise, c’est son jusqu’au-boutisme (une idée = une forme = une scène = un film), et sa cohérence. Ce récit symbolique se construit sur un principe moral ; ce principe moral, le film l’exprime par un principe physique (la gravité) ; et ce principe physique se formalise à l’écran par une forme mathétique (froide et insensible, moins “pessimiste” que “logique”, comme un regard scientifique posé sur quelque sordide expérience sociale). De fait, la démonstration du film apparaît aussi implacable et indiscutable que les lois de Newton, scupuleusement respectées – puisque c’est uniquement par leur pureté que la narration s’exprime.
Ce qui impressionne dans les sept petites minutes de Balance, outre son indéniable maîtrise, c’est son jusqu’au-boutisme (une idée = une forme = une scène = un film). Le principe moral sur lequel se construit ce récit symbolique, le film l’exprime par un principe physique (la gravité) aux lois scrupuleusement respectées. Une forme froide, mathématique, insensible (moins “pessimiste” que “logique”, comme un regard scientifique posé sur quelque sordide expérience sociale) vient clore la cohérence d’un film dont la démonstration apparaît de fait aussi implacable et indiscutable que les lois de Newton – puisque c’est uniquement par leur pureté que la narration s’exprime.

Ce qui impressionne dans les sept petites minutes de Balance, outre son indéniable maîtrise, c’est son jusqu’au-boutisme (une idée = une forme = une scène = un film). Le principe moral sur lequel se construit ce récit symbolique, le film l’exprime par un principe physique (la gravité), aux lois scrupuleusement respectées. Et c’est une forme mathématique, froide et insensible (moins “pessimiste” que “logique”, comme un regard scientifique posé sur quelque sordide expérience sociale) qui vient clore la cohérence d’un film dont la démonstration apparaît de fait aussi implacable et indiscutable que les lois de Newton – puisque c’est uniquement par leur pureté que la narration s’exprime.

Ce qui impressionne dans les sept petites minutes de Balance, outre son indéniable maîtrise, c’est son jusqu’au-boutisme (une idée = une forme = une scène = un film). Son récit symbolique se construit sur un principe moral, lui-même exprimé par un principe physique (la gravité, aux lois scrupuleusement respectées), le tout se formulant sous une forme mathématique (froide et insensible, moins “pessimiste” que “logique”, comme un regard scientifique posé sur quelque sordide expérience sociale). D’où la cohérence d’un film dont la démonstration apparaît de fait aussi implacable et indiscutable que les lois de Newton – puisque c’est uniquement par leur pureté que la narration s’exprime.

L’avènement du pire ne semble alors qu’être la résultante logique d’un équilibre social qu’on aura trahi. Et il n’est pas interdit de voir là, dans ce film RFA datant de 1989, un troublant regard posé sur ce qu’il se passe de l’autre côté du mur. C’est-à-dire un communisme mortifère (hommes pâles, tous tristement semblables, numérotés comme les occupants d’une prison sans barreaux) dont les principes égalitaires maintiennent néanmoins une sorte d’équilibre sociétal – et dont les personnages maladifs se montrent curieusement dignes, dans cette manière de maîtriser ensemble l’enfer de leur propre situation. Un objet de désir (coloré, musical), pièce de bonheur venu de l’autre monde, amène alors avec lui la perspective d’un ensoleillement des vies, mais aussi les pulsions de possession et leur folie égotique grandissante, brisant le fragile équilibre égalitaire au profit d’un autre type de société – que résume cette image finale terrible d’un homme condamné, dans sa solitude, à baver éternellement devant une inatteignable promesse de bonheur matériel.

Cette étrange résonnance politique (celle d’un film qui, rejetant l’une comme l’autre doctrine, fait surtout le tableau prophétique d’un désastre) n’est pas la seule chose à rendre ce petit film troublant. Car sur cette fable parfaitement fonctionnelle, sur ce système narratif clos et autosuffisant, les deux cinéastes posent un regard plein de nuances et d’ambigüités. Leur mise en scène est aussi occupée à observer ses sujets dans tout leur mystère, à peindre l’ambivalence de ces moments hésitant encore entre le geste de solidarité et celui d’égoïsme, entre la boîte qu’on partage d’un commun accord ou celle qu’on vole à son possesseur, entre la curiosité et l’appréhension de ceux qui observent. Les différents rôles qui émergent progressivement de ces corps égaux (le tortionnaire, la victime, les témoins qui contrebalancent les dégâts et n’osent pas intervenir) donnent l’impression, face à ces visages tous semblables (trouble que redouble d’ailleurs le fait que les deux cinéastes soient eux-mêmes jumeaux…) l’impression d’individus qui, en croyant s’attaquer l’un l’autre, ne font à l’image que se frapper eux-mêmes. La destruction inquiète du corps social prend alors une tournure étrangement littérale, en ce qu’elle montre un même corps sadiser et subir, comme s’autodétruisant au milieu d’un palais des glaces.

Tout en élégance, à la fois prototype parfait du court-métrage à parabole et regard attristé sur ce qui s’y joue, Balance est un vrai joyau. Que la filmographie des frères Lauenstein ait pris une telle tournure à la suite à ce succès critique (animations pour pubs ou MTV, production de longs-métrages 3D industriels au style anonyme…) n’est qu’un mystère de plus à ajouter à l’éclat de sa totale réussite.

 

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