Des tops, des tops, des tops ! 2024

L’année 2024 fut pour moi particulièrement chiche. Le niveau plutôt moyen des films vus au cinéma (après une année 2023 exceptionnelle), des migraines persistantes ne m’encourageant pas à aller en salles, et le temps massif occupé au premier semestre à mes recherches sur Alice Guy, font que je ressors de cette année avec moins de cent long-métrages vus, et sans véritable chef-d’œuvre sous la main. Mais ça ne m’empêche pas d’avoir découvert de très belles choses !

 

2024

Côté sorties 2024, je retiens en fait principalement deux films, All We Imagine as Light et Flow, qui malgré leurs fragilités et défauts sont les deux seuls à m’avoir réellement enthousiasmé, me donnant l’impression de voir quelque chose de totalement inédit.

 

All We Imagine as Light • Payal Kapadia
Flow • Gints Zilbalodis
 

Ce que ces films ont de stimulant se fait au prix d’un certain flirt avec le kitsch (le risque de faire du “Sofia Coppola indien” comme le disait une amie pour le premier, ou celui de ressembler à une cinématique de jeu vidéo pour le second). C’est aussi le cas de pas mal des films les plus généreux de cette année (je pense notamment à Here ou Furiosa), dont la recherche de formes semble ne pouvoir exister qu’au détriment du bon goût. Cette outrance et cette tendance au factice sont peut-être le prix à payer, pour un septième art dévitalisé se cherchant une identité entre les académismes festivaliers divers, et l’influence toujours plus écrasante des séries à la mise en scène anonyme.

Pour le reste, mes meilleures séances 2024 se distribuent d’une part entre de bons films assez impeccables (sans toujours m’avoir fait vibrer)…

Furiosa • George Miller
Anora • Sean Baker
Misericorde • Alain Guiraudie
 

… et d’autres films plus foirés, mais stimulants dans leurs tentatives et dans leur singularité – se révélant en cela plus précieux.

Here • Robert Zemeckis
État limite • Nicolas Peduzzi
Trap • M. Night Shyamalan
 

Il faudrait enfin noter quelques splendides scènes, parmi les plus fortes de l’année, au sein de films plus faibles ou théoriques (l’entretien final de L’Histoire de Souleymane, la marche aux frontières du jeu dans Knit’s Island, la réunion du Mal n’existe pas, le sidérant final de La Zone d’intérêt, le segment incel de La Bête…). Et tout en restant dubitatif sur le film (par ailleurs très divertissant) de Jacques Audiard, je ne peux clore ce petit topo sans saluer l’interprétation magistrale qu’y offre Zoe Saldana (une totale surprise, à la hauteur d’une autre formidable interprétation tout aussi inattendue, celle de Josh Hartnett chez Shyamalan).

Rajoutons à cette liste l’interminable pile de films non vus que j’avais prévus à mon programme, et qu’il me faudra un jour rattraper (Le Conte de Monte-Cristo, Vingt dieux, Megalopolis, Nosferatu, À son image, Le Roman de Jim, Grand Tour, Juré n°2, Los delincuentes, Jeunesse, Dos Madres, Le Déserteur, Border Line, Challengers…). Du peu de mes visions, j’ai tout de même l’impression d’une année cinéma assez faible, dont on ne devrait pas retrouver beaucoup de titres dans les tops de fin de décennie.

 
 

Pas 2024

Côté ressorties et rattrapages, l’année a paradoxalement été sur-occupée par l’exploration de deux corpus dont vous ne trouverez rien ci-dessous : une rétrospective complète de la carrière d’Alice Guy (comme vous avez pu le lire en long et en large sur ce blog), et le démarrage d’une intégrale Betty Boop (dont je ne suis pas prêt de voir le bout). Si les courts animés des Fleischer contiennent plusieurs pépites, je dois bien reconnaître, avec le recul, qu’aucun des films de Guy, aussi intéressants qu’ils aient pu être pour moi sur le plan de la recherche, ne m’a assez touché ou enthousiasmé pour me revenir en tête au moment de concocter ce top 10.

Voici donc le meilleur de mes visions patrimoine 2024 – la liste est vaguement classée, mais Pandora n’est pas sans défauts, et la qualité de ces dix films est somme toute assez égale. Malgré cette absence de pics et de contrastes, ce fut une très agréable année de rattrapages, en partie marquée par les ressorties nationales.

 

1. Pandora
Albert Lewin / 1951

 

2. Le Ciel est à vous
Jean Grémillon / 1944

 

3. La Femme du boulanger
Marcel Pagnol / 1938

 

4. Spoorloos
George Sluizer / 1988

 

5. La Lettre écarlate
Victor Sjöstrom / 1926

 

5. Porismani
Gueorgui Chenguelaia / 1969

 

7. Three Godless years
Mario O’ Hara / 1976

 

8. Quand une femme monte l’escalier
Mikio Naruse / 1960

 

9. Remember the night
Mitchell Leisen / 1940

 

10. Satan
Wallace Worsley / 1920

 

Ce peloton de tête est suivi de très près, et en vrac, par Napoléon (Gance, 1927), Le Squelette de Mme. Morales (González, 1960), The Swimmer (Perry, 1968), Bandits à Orgosolo (De Seta, 1961), Forgotten Faces (Schertzinger, 1928), Robocop (Verhoeven, 1987), Midnight (Leisen, 1939) et pas mal d’autres…

Mes textes sur ces films dorment encore pour beaucoup à l’état de brouillon sur mon disque dur, et je ne peux que réitérer la vaine promesse annuelle de me botter les fesses pour rattraper mon retard et publier tout ça d’ici Noël prochain – même si ce blog devient de plus en plus une simple annexe de mon compte letterboxd, en bon cinéphile matrixé par la culture US que je suis.

Bref, un grand merci aux quelques habitué·es de ce blog, et bonne année !
 

Réactions sur “Des tops, des tops, des tops ! 2024

  1. Bonne année 25 à toi Tom.

    Jolie collection malgré tout. Je croyais que tu parlais de 100 films sortis dans l’année avant de comprendre que ton activité de spectateurs avait été plus modeste. De mon côté, j’ai du mal à atteindre 40 films au ciné à l’année.

    Et les deux premiers films dont tu signales la singularité me sont inconnus. J’ai un peu négligé Flow (comme d’ailleurs Le robot sauvage qui a pourtant eu de bons échos), mais toujours un peu peur de ne pas être tout à fait la cible avec les films d’animation. J’ai entendu parlé du All we imagine, mais les écrans chez moi étaient rares pour le trouver.

    Tu es précis dans ton relevé. C’est bien de relever les éléments les plus marquants d’un mot ou deux. Je te rejoins sur la réunion incroyable du Mal n’existe pas (parfaite démonstration d’aménagement du territoire faussement concerté… on a l’impression de faire partie de la communauté concernée, on se passionne pour les détails donnés… et pourtant rien ne paraît plus simple en terme de mise en scène).

    Pandora est extraordinaire, même si je tique un peu sur les acteurs. Jamais trop accroché à Mason et Ava Garner me paraît toujours particulièrement lointaine. J’ai aussi besoin de le revoir.

    Je ne sais plus si j’ai vu cette version de la Lettre écarlate.

    Un ami m’a grandement vanté Le ciel est à nous. Pas vu. J’avais bien aimé en revanche La proie du vent de René Clair avec le même Charles Vanel (superbe acteur), poétique et tendrement fantastique.

  2. Hello Benjamin, bonne année !

    Oui ça fait un moment que j’ai du mal à me motiver pour voir plus d’un film tous les 2/3 jours (hors courts), donc 100 films/an risque d’être ma limite haute dorénavant ! C’est pas très grave, ça me pousse à être plus sélectif (même si ça a pour conséquence de me faire moins aller en salle, la moitié des films qui font l’actu étant promis à être oubliés dans 10 ans…).

    Je te conseille d’essayer “Flow” quand même, tu peux certes détester (j’ai eu des amis qui ont eu un rejet total), mais c’est assez fondamentalement différent du cinéma d’animation actuel pour être intéressant, ne serait-ce que dans l’évolution du medium. Il est appelé à avoir pas mal d’influence.

    Et pour Gardner, oui, je suis d’accord, il y a un truc un peu fermé, un peu glacé. La fascination qu’elle exerce, dans le film, reste une idée théorique, le malaise qui émane de Mason fait le boulot pour deux. Et oui, si Charles Vanel est très bien, c’est Madeleine Renaud (déjà un super rôle dans Remorques du même Grémillon) qui irradie à l’écran. Les deux forment un formidable duo de personnages étrangement heureux.

    Tu ne fais pas de tops pour les films vus hors actu du coup ? Ton top me rappelle que j’ai aussi le Mouret à rattraper (globalement, j’ai rien vu de sa période plus sérieuse récente, c’est un manque).

  3. Non pas de top hors 2024. Trop de taf. Je me contente de les noter sur Vodkaster ou au mieux de les chroniquer sur le blog (mais tu le sais, là, cela dépend de l’envie, de l’élan et de beaucoup d’autres choses qui font que l’on n’écrit pas toujours sur l’essentiel).

    Moi je suis amateur de Mouret, et peut-être surtout depuis Mademoiselle de Jonquières. Dans le dernier, la mort vient joliment complexifier ou au moins enrichir les relations décrites.

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