Quelques spoilers.
Bain de mousse pourrait se titrer « Années 70 : le film », tant il semble compiler toutes les modes et marottes de la décennie qui s’achève, toutes ses formes caractéristiques (musiques étalées à la nimp’ sans relation au montage, continuité en flux, psychédélisme), ainsi que tous ses réflexes ancrés (sexualisation de n’importe quelle femme croisée, regard toujours plus ou moins vaguement politique et critique). Le film déploie un éventail infini d’images composites, mélangeant dessins et prises de vue filmées, regardant chaque scène depuis toutes les perspectives possibles, déformant constamment les contours – parfois à des fins expressives, parfois comme le ferait un trip plus aléatoire. Les efforts de transformation du graphisme, loin d’élire ce qui dans le plan est important ou peut faire sens, semblent au contraire vouloir s’appliquer à tout et n’importe quoi, ne triant jamais entre le principal et le secondaire, alors que le film met un point d’honneur à se montrer arythmique.
Il en ressort l’impression d’un film fièrement invertébré, mais qui tient bizarrement par le contrepoint de son argument, qui est celui d’une pièce de théâtre toute en unité de lieu, de temps et d’action (deux personnes, une pièce unique, une crise de couple, un dilemme éthique à résoudre en temps réel). Le film tient ainsi, parvenant ça et là à toucher à des impressions du quotidien ou à des angoisses bien ciblées, tout en offrant une parade d’inventions visuelles. Mais les modes et conventions de l’époque finissent par prendre le dessus sur le style, notamment au travers de chansons qui semblent remplir le vide – étirant dangereusement le dernier tiers d’un film qui semble faire bien plus que ses 1h20.
Habfürdő en VO.
Bubble Bath à l’international.