Quelques spoilers.
On a des sentiments contradictoires devant ce film du lointain Florian Emilio Siri (Nid de guêpes), cinéaste qu’on avait laissé, avec d’autres premières lignes, au cimetière des tentatives prometteuses visant à relancer le cinéma de genre en France
Loin de la majesté intermittente de son premier essai, ce film-ci sent fort le produit télévisé ou de plateforme, dont il reprend la patte visuelle lisse et le côté cheap (dans les décors, dans le jeu d’acteurs – même Rochdy Zem, comédien pourtant capable de tenir un film entier sur ses épaules, laisse ici dubitatif dès sa première moue). Les clichés éculés qui font office de ressort émotionnel (brute taiseuse protégeant une gamine, traumas de guerre interchangeables), ou les invraisemblances en cascade, sans parler de ce montage impatient, donnent à l’ensemble l’apparence d’un produit standardisé et bas de gamme cherchant l’efficacité immédiate, condamnant le film à rester coincé sous un certain plafond de verre.
Pourtant, Elyas a encore çà et là quelques idées de cinéma. Certaines configurations se révèlent stimulantes, que ce soit sur le plan structurel (ce petit huis clos résidentiel qui s’offre soudain des fusillades en immeuble), scénaristique (ne pas céder à la facilité d’un héros refusant de prendre ses médocs, mais utiliser sa paranoïa pour interroger chaque événement), ou encore thématique (ces gens riches contraints de suivre le parcours des migrants clandestins).
Tout cela est un peu laissé en friche, jamais véritablement exploité : les tensions concernant le devenir prolétaire d’une petite princesse, comme la moralité discutable d’un homme qui tue quiconque suscite le moindre doute (et qui cherche, tel un complotiste, les signes menus validant sa folie)… Tout ce barnum est effleuré plus que réellement interrogé, menant à un résultat frustrant, quoique raisonnablement ludique derrière sa carapace cheap.