Je suis toujours là Walter Salles / 2024

Rio, 1971, sous la dictature militaire. La grande maison des Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux et de rencontres. Jusqu’au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille…

Spoilers.
 

Je suis toujours là démarre comme un petit classique instantané : sous le regard sobre d’une mise en scène discrète, à la limite d’être conventionnelle, Walter Salles parvient à parfaitement recréer l’atmosphère du Brésil de la dictature, qu’on pourrait résumer à ce remarquable premier plan : le quotidien, la mer, le beau ciel bleu, la stase hippie des années 70… et un hélicoptère militaire qui traverse cette carte postale rieuse l’air de rien, comme l’inconscient de toute une époque – un déni collectif en plein jour. Cette manière de faire dialoguer une vie familiale heureuse, solaire, et l’arrière-plan constant de la menace d’un pouvoir militaire, fait flotter une discrète étrangeté sur ce quotidien (tous ces plans un peu mentaux, vus d’à travers les portes), rendant la première partie remarquable, le savoir-faire de Salles assurant par ailleurs une fluidité narrative parfaite.

Une fois l’arrestation passée, malheureusement, le film n’a pas beaucoup plus à offrir que le suivi platounet des événements biographiques qu’il adapte : la vie sans le père d’abord (c’est déjà moins passionnant), puis l’accumulation d’événements disparates par étapes décousues, s’empilant année après année (le film n’a alors plus aucun intérêt). Walter Salles, à ce stade, semble surtout parier sur notre attachement aux personnages et sur notre émotion, sans rien avoir à offrir de plus qu’un déroulé passif et académique des faits qu’il relate. Le générique de fin, un peu tard, a soudain l’air de se rappeler qu’on pouvait faire quelque chose de cinématographique de cette absence, qu’il y avait dans ces péripéties biographiques quelque chose à filmer. Mais à ce stade, on a déjà lâché l’affaire.

Ainda Estou Aqui en VO.

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